Le point sur l'audition en 13 questions / réponses
1 - Pourquoi si peu de Français malentendants sont-ils appareillés ?
Sur les 6 millions de Français malentendants, seulement 1,1 million d'entre eux sont équipés d'un appareillage auditif. Le frein majeur n'est pas la gêne à porter un appareil auditif en public ou l'association de la baisse auditive au vieillissement, mais le coût financier représenté par l'appareillage.
2 - Les acouphènes, c'est quoi ?
Les acouphènes sont des sons, bourdonnements, des sifflements, sons de cloches, qui sont perçus en l'absence de source sonore extérieure. Parfois anodins, ils peuvent aussi être intolérables. Pour les traiter, il faut soigner la cause quand c'est possible : maladie, médicament, expositions sonores intenses... Mais comme cette cause n'est souvent pas identifiée, le traitement repose sur des stratégies visant à rendre les acouphènes moins pénibles, à l'aide d'appareils auditifs spécifiques (masqueurs d'acouphènes) et de techniques de psychothérapie (Thérapies comportementale et cognitives, hypnose éricksonnienne…)
3 - À partir de quel âge faut-il s'appareiller ?
Il n'y a pas d'âge pour bénéficier d'un appareil auditif ! Seule la gêne occasionnée par la baisse auditive doit motiver à se faire appareiller : difficultés à entendre la télé, à comprendre au téléphone, faire souvent répéter, isolement social… Et il est conseillé de ne pas attendre, car le cerveau s'adapte d'autant mieux à l'appareil auditif que l'audition est encore relativement bonne. On bénéficie donc davantage d'un appareil auditif en s'appareillant tôt qu'en retardant ce moment.
4 - Qui consulter et quels sont les examens à entreprendre ?
En cas de sensation de déficit auditif, il faut consulter un médecin ORL pour un diagnostic précis. Il réalise un audiogramme tonal et vocal et détermine si la surdité est liée à une lésion de l'oreille externe, moyenne ou interne, voire à une atteinte d'une zone d'intégration cérébrale (le son est perçu, mais mal interprété par le cerveau). Cela dit, en attendant un rendez-vous chez l'ORL, il est possible de demander conseil à un audioprothésiste.
5 - À quel âge débute la presbyacousie ?
La presbyacousie débute généralement entre 60 et 65 ans. Au début, seuls les sons aigus sont concernés, puis petit à petit tous les sons sont affectés et donc perçus de moins en moins bien.
6 - Pourquoi la baisse de l'audition est-elle plus précoce chez certaines personnes ?
Si la presbytie se manifeste entre 60 et 65 ans, certains facteurs peuvent entraîner une baisse plus précoce de l'audition. Ce sont les traumatismes sonores, lorsque l'on écoute de la musique trop forte et trop longtemps (baladeurs, concerts, discothèques, musiciens, professions à risque sonore), les prédispositions génétiques, les maladies de l'oreille (otite), certaines pathologies (diabète, maladies cardiovasculaires) et un passé d'otites.
7 - La presbyacousie est-elle inéluctable ?
La presbyacousie n'est pas une maladie, mais un vieillissement naturel de notre audition entraînant un handicap. Notre capital auditif s'épuise, nos cellules auditives sensorielles ne sont plus remplacées. Cela se produit plus ou moins tôt, mais l'audition va toujours chez chacun d'entre nous, vers un vieillissement.
8 - Les médicaments peuvent-ils altérer l'audition ?
Oui ! Certains médicaments sont toxiques pour les oreilles et l'audition et peuvent entraîner des lésions de l'oreille interne. C'est le cas de certains antibiotiques, anti-inflammatoires et de l'aspirine lorsqu'ils sont pris à forte dose sur une longue période, ou encore de certains diurétiques, anticancéreux et antipaludéens. On les appelle des médicaments « ototoxiques ».
9 - Faut-il s'appareiller le plus tôt ou le plus tard possible ?
Porter un appareil auditif le plus tôt possible sera le mieux pour deux raisons.
- La première est que selon l'origine de la perte auditive, on peut dans certains cas empêcher son aggravation par une prise en charge ORL adaptée.
- L'autre raison est que plus un déficit auditif est pris en charge tôt, plus il a des chances d'être compensé facilement. En effet, plus on est jeune et moins longtemps on a été coupé de la communication avec les autres, plus il est aisé de réentendre avec un appareil auditif. Malheureusement, le déni de surdité est un facteur de retard de prise en charge encore trop important
10 - Combien coûte une prothèse auditive ?
Les appareils les moins chers sont aux alentours de 600 € et les plus coûteux vont jusqu'à 2200 €, et c'est un prix par oreille. Le coût moyen d'un appareil auditif est de 1500 € par oreille. Pour les personnes âgées de plus de 20 ans, l'Assurance Maladie prend en charge seulement 60 % de 199,71 €, soit 119 € par oreille. Les complémentaires sont donc importantes, car il reste une somme souvent élevée à régler en plus de la prise en charge de l'Assurance Maladie. Pour les moins de 20 ans, et pour les personnes souffrant également de cécité, l'Assurance Maladie prend en charge les prothèses auditives à 60 %, sur la base d'un tarif allant de 900 euros à 1 400 euros, selon la classe de l'appareil prescrit.
Au prix de ces appareils s'ajoute le coût des piles qui sont prises en charge par l'Assurance Maladie et les assurances complémentaires santés.
11 - L'appareil auditif le plus cher est-il aussi le plus performant ?
Pas forcément. L'appareil se choisit avec l'aide de l'audioprothésiste en fonction des caractéristiques de la baisse auditive. Autrement dit, le matériel le plus cher et le plus complexe n'est pas forcément le mieux adapté. Ses performances dépendent également du réglage et du type de vie sociale du sujet.
12 - Combien de temps faut-il pour s'habituer à un appareil auditif ?
À partir du moment où l'on porte une prothèse auditive, l'oreille, le nerf auditif et le cerveau doivent se réhabituer aux sons et à leur interprétation. Cette réadaptation auditive dure de 3 semaines à 3 mois, parfois davantage. Pendant cette période, l'audioprothésiste est amené à faire de multiples réglages. Il est important de le savoir, car beaucoup de personnes imaginent poser l'appareil et entendre comme dans leur jeunesse. Or la période d'adaptation est essentielle pour en retirer un bénéfice maximal.
13 - Peut-on retarder la baisse auditive ?
Outre le vieillissement et l'aspect génétique, de nombreux facteurs peuvent contribuer à diminuer notre audition. Les grandes règles pour protéger son audition :
- Se vacciner pour se prémunir des maladies pouvant entraîner des troubles de l'audition (ROR, méningite).
- Éviter les médicaments toxiques pour le système auditif.
- Dépister les troubles de l'audition chez les nouveau-nés.
- Ne pas s'exposer aux bruits pendant les loisirs (diminuer le volume des baladeurs, porter des bouchons d'oreilles en concert, casque antibruit pour le bricolage, pour la moto…).
- Conserver le meilleur état cardiovasculaire possible.
Sources :
- Les journées nationales de l'audition (JNA) https://www.journee-audition.org/ -
- Ameli.fr le site de l'Assurance Maladie. Prothèses auditives, quelle prise en charge ? https://www.ameli.fr
- https://www.orlfrance.org/
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