Si jouer d'un instrument de musique est aussi compliqué, c'est parce qu'il ne suffit pas d'entendre un morceau pour être capable de le reproduire. Le cerveau doit de plus parvenir à associer les sons à des gestes très précis. Pour mieux comprendre ce qui se passe dans le cerveau pendant cette phase d'apprentissage, des chercheurs Canadiens de l'Université de Mc Gill ont fait passé des IRM à 13 volontaires, non musiciens, lors de trois étapes clés de cet apprentissage : lors d'une première écoute des sons joués, puis lorsqu'il leur a été demandé de jouer du violoncelle, au bout d'une, puis quatre semaines d'apprentissage. Le violoncelle utilisé pour les besoins de l'étude était non magnétique et miniaturisé. Grâce à cette expérience, les chercheurs ont pu visualiser les aires cérébrales entrant en jeu : il s'agit des aires auditives et prémotrices lors de la première écoute, puis, de l'hippocampe (centre de la mémoire) et des aires de la motricité fine.
La première écoute en dit long
Les chercheurs Canadiens se sont aperçus que, lors de la première écoute, le degré d'activation d'une aire appelée «aire motrice supplémentaire du cortex moteur» permettait de prédire si la personne allait progresser rapidement ou non ! Cette aire motrice jouerait un rôle clé dans le couplage entre écoute (son entendu) et activité motrice (geste réalisé pour le reproduire). Autrement dit, la prédisposition d'une personne à jouer d'un instrument serait décelable à l'IRM en lui faisant écouter un air de musique joué avec ledit instrument et non en se fiant juste à sa bonne audition !
Sources :
Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America : «Neural network retuning and neural predictors of learning success associated with cello training», I. Wollman etal., 11/06/18, https://www.pnas.org/content/early/2018/06/05/1721414115.
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