Quelles sont les causes de la goutte ?
La goutte est due à un excès d'acide urique qui tend alors à former des cristaux dans les articulations (sous forme d'urate de sodium), le plus souvent à la base du gros orteil, ou parfois au niveau des chevilles, des genoux, des poignets ou des doigts. Le taux d'acide urique normale est inférieur à 70mg/L.
L'inflammation qui en résulte provoque des crises aiguës de douleurs très vives. En l'absence d'un traitement de fond, les crises peuvent devenir chroniques. Les articulations finissent alors par se déformer et des complications se manifestent (tuméfaction, colique néphrétique, insuffisance rénale). Actuellement, cette maladie se soigne bien.
Pour la goutte, il existe une prédisposition génétique à fabriquer trop d'acide urique et à avoir des crises.
En effet, beaucoup de personnes, même avec un acide urique élevé n'ont pas de goutte. À tel point que seulement 10% des personnes ayant une élévation d'acide urique présentent une crise de goutte. D'autre part, s'y ajoutent des facteurs favorisant cette maladie : l'obésité ou les excès alimentaires. La goutte peut également être liée à certaines maladies, notamment des maladies du sang (maladie hématologiques) ou la prise de certains médicaments.
Actuellement, il existerait une recrudescence des personnes atteintes de goutte, le nombre de malades aurait par exemple doublé aux USA en 20 ans, certainement à cause du vieillissement de la population, de l'augmentation de l'obésité, et de l'augmentation du nombre de personnes souffrant d'hypertension artérielle, certains médicaments alors prescrits augmentant le risque de goutte.
Les problèmes avec la goutte
Le problème des douleurs aigües est celui qui entraîne la personne atteinte à consulter. L'articulation atteinte est rouge et gonflée, et la douleur est pulsatile. Au début, une seule articulation est touchée généralement, puis, si elle n'est pas traitée, des crises vont survenir, touchant plusieurs articulations.
Mais ce n'est pas le seul problème. Si la goutte n'est pas bien soignée, elle peut entraîner d'autres problèmes : dépôts d'acide urique au niveau de la peau (formant des tophus goutteux), dépôts dans les reins qui peuvent endommager ces reins, jusqu'à pouvoir mener à une dialyse rénale si les reins ne fonctionnent plus du tout.
Le traitement de la goutte
Il existe deux types de traitement pour la goutte : le traitement des douleurs et le traitement visant à prévenir les crises.
Le traitement des crises :
Les douleurs survenant lors des crises de goutte sont traitées par l'administration de colchicine et/ou d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). On peut y ajouter de la glace (jamais directement sur la peau) car elle a tendance à diminuer la douleur et l'inflammation.
Le traitement préventif :
Pour éviter l'excès d'acide urique, le traitement consiste en un médicament et une adaptation alimentaire.
Le médicament est un uricosurique, généralement l'allopurinol et c'est un traitement à prendre à vie. Mais attention, le suivi de ce traitement est important au début. En effet, il permet d'éliminer les dépôts de cristaux, mais il peut déclencher des crises de goutte pendant les premiers mois de traitement. Il est donc souvent associé à un traitement comme la colchicine pour éviter les crises. L'allopurinol peut entraîner des allergie.
Un autre médicament est disponible, le Febuxostat.
Ces médicaments sont prescrits aux personnes ayant plus d'une crise par an et leur but est de supprimer les crises en faisant baisser le taux d'acide urique au-dessous de 60mg/L. Il faut donc régulièrement réaliser une prise de sang pour contrôler ce taux.
Le régime alimentaire consiste à :
- Boire beaucoup d'eau, idéalement au moins 2 litres par jour,
- Supprimer l'alcool, y compris la bière sans alcool, et même les sodas !
- Limiter les aliments riches en purines à l'origine de la production d'acide urique comme la viande, les abats, les poissons et fruits de mer. En effet, l'acide urique est formé dans l'organisme par dégradation des purines
- Idéalement, faire une ou deux journées végétariennes par semaine
- Maigrir, mais très doucement, car en maigrissant rapidement le risque de crise de goutte augmente, l'élimination des purines étant stimulée.
La goutte en 6 points-clés
- Le traitement optimal de la goutte requiert à la fois des méthodes pharmacologiques et non pharmacologiques et doit être adapté selon : les facteurs de risques spécifiques (antécédents de crises de goutte, taux d'uricémie, signes radio...), le stade clinique (crises aiguës, récurrentes, goutte chronique...) et les facteurs de risques généraux (âge, sexe, alcool, médicaments hyperuricémiants, interactions médicamenteuses, comorbidités).
- L'éducation de la personne atteinte et les conseils concernant le mode de vie constituent des aspects fondamentaux du traitement (perte de poids, régime antigoutteux, diminution de la consommation d'alcool, et surtout de bière, même sans alcool...).
- Les facteurs de risques associés doivent être largement pris en compte dans le traitement de la goutte : excès de cholestérol, hypertension artérielle, hyperglycémie, obésité, tabagisme.
- La colchicine orale et/ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens (en l'absence de contre-indication) sont des médicaments de première intention en cas de crises aiguës.
- Attention, de fortes doses de colchicine risquent d'entraîner des effets indésirables (notamment des diarrhées), tandis que de faibles doses peuvent être insuffisantes chez certains patients atteints de crises aiguës.
- Les médicaments hypo-uricémiants sont notamment indiqués chez les patients goutteux souffrant de crises récidivantes. Leur objectif est d'induire la dissolution de cristaux et de prévenir leur formation.
Sources :
Arthropathies microcristallines. COFER Collège Français des Enseignants en Rhumatologie. 2010-2011
Goutte : Physiopathologie, diagnostic, évolution, traitement Module 14 - Pathologie de l'appareil locomoteur - rhumatologie. 2011
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