L'apnée du sommeil doit être davantage détectée
Tout ronfleur fatigué ou somnolant doit être considéré comme une éventuelle personne souffrant d'apnée du sommeil. Cette apnée du sommeil est cause de multiples arrêts respiratoires durant le sommeil, ce qui est susceptible d'entraîner des problèmes. Or sur 10 personnes atteintes d'apnée du sommeil, une seule sait qu'elle souffre de cette affection. 9 personnes sur 10 ne peuvent donc se soigner, ignorant jusqu'à l'existence même du problème.
Que sont exactement ces apnées du sommeil ?
Les apnées sont des arrêts respiratoires transitoires de durée variable. Lorsqu'elles sont très nombreuses durant le sommeil, plus de 30 en 6 heures, elles sont responsables d'une désorganisation du sommeil et d'une oxygénation insuffisante du sang. Entraînant des somnolences dans la journée, le syndrome d'apnées du sommeil (SAS) est responsable d'une hausse importante du risque d'accidents, tant domestiques ou professionnels que de la route.
Le syndrome d'apnée du sommeil ou SAS est une affection fréquente. Entre 4 et 6% de la population masculine est concernée. Ce syndrome touche plus souvent les hommes que les femmes. La prise de poids, l'alcool et le tabac étant des facteurs favorisants cette affection, elle devient progressivement plus fréquente et tend à concerner également les femmes qui modifient depuis plusieurs années leur comportement vis-à-vis de l'alcool et du tabac.
Il existe une composante génétique aux apnées du sommeil. Ainsi, en cas d'antécédent familial, il est essentiel de dépister cette maladie dès l'enfance, afin de mettre en place précocement une prise en charge adaptée.
Hérédité ou pas, le SAS n'est détecté que chez une personne sur dix. C'est très regrettable, car en plus d'un risque élevé d'accidents, il expose à des conséquences cardiovasculaires délétères. Pourtant, le traitement est très efficace et permet de normaliser ces risques accrus. Il est donc essentiel de se faire diagnostiquer.
Comment dépister les personnes à risque d'apnées du sommeil ?
Les sujets les plus à risque de SAS sont les personnes qui ronflent et qui se sentent somnolentes dans la journée. Pour différencier la fatigue de la somnolence, il suffit de répondre à un simple questionnaire, donnant l'échelle d'Epworth. Il permet d'apprécier la somnolence en demandant à la personne concernée s'il lui est arrivé de somnoler, voire de s'endormir dans différentes situations. Elle doit donner un score à chacune des situations :
- 0 si elle ne somnole jamais
- 1 en cas de faibles chances de s'endormir
- 2 si elle a des chances moyennes de s'endormir
- 3 en cas de fortes chances de s'endormir
Situations pour lesquelles il faut estimer la cotation :
- Je suis assis en train de lire.
- Je regarde la télévision.
- Je suis assis, inactif, dans un endroit public.
- Je suis assis en train de parler à quelqu'un.
- Je suis assis calmement après un repas sans alcool.
- Je suis passager dans une voiture pendant une heure.
- Je suis dans une voiture immobilisée quelques minutes dans un encombrement.
- Je suis allongé l'après-midi pour me reposer quand les circonstances le permettent.
Total
- De 0 à 8 : pas de somnolence
- De 8 à 10 : somnolence modérée, la vigilance s'impose. Il faut estimer si un bilan est nécessaire
- Plus de 10 : somnolence avérée, il faut passer des examens afin de détecter un syndrome d'apnée du sommeil car il existe un risque élevé.
Le bilan d'apnée du sommeil consiste soit :
- En une polygraphie ventilatoire qui permet d'enregistrer la respiration, les ronflements, l'oxygénation du sang et le flux d'air passant dans les narines. Cela se fait bien sûr pendant la nuit chez soi à domicile et c'est indolore. Des capteurs sont mis en place au cabinet médical et gardés pendant une nuit.
- Ou bien une polysomnographie qui se fait plutôt en laboratoire et enregistre davantage de signaux.
Devez-vous faire un bilan pour dépister des apnées du sommeil ?
Oui si vous pensez que vous pouvez souffrir d'apnée du sommeil ; par exemple si vous ronflez et que vous avez tendance à somnoler facilement dans la journée, ou si vous avez 10 points ou plus sur l'échelle d'Epworth. Vous avez alors sans doute besoin d'un bilan complet.
D'autres signes peuvent être liés à l'apnée du sommeil comme :
- La personne qui dort avec vous vous signale que par moment vous arrêtez de respirer.
- Vous changez très souvent de position dans le lit en dormant.
- Vous vous réveillez la nuit avec le sentiment d'étouffer.
Même sans forte somnolence, un bilan d'apnée du sommeil est conseillé si vous êtes en surpoids ou si vous présentez un syndrome métabolique avec l'association de plusieurs anomalies telles qu'un cholestérol trop élevé, une hypertension artérielle, une hyperglycémie, une obésité abdominale, ou une résistance à l'insuline.
Les personnes atteintes d'une dysfonction érectile ou d'une pathologie cardiovasculaire (insuffisance cardiaque, coronopathie, hypertension artérielle) sont également à risque pour l'apnée du sommeil. En cas de doute, il faut en parler à son cardiologue.
Les enfants pouvant également être concernés, il convient de suspecter un syndrome d'apnée du sommeil en cas de grosses amygdales associées à une fatigue. Dans ces conditions, il est préférable de consulter un médecin ORL.
Diagnostic et traitement de l'apnée du sommeil
En cas d'apnées du sommeil légères ou modérées, l'orthèse d'avancée mandibulaire peut être utilisée. Il s'agit d'un dispositif destiné à avancer la mâchoire inférieure et la langue de quelques millimètres afin d'améliorer le passage de l'air.
Le traitement de référence des apnées du sommeil repose sur la ventilation à pression positive continue. Elle consiste à insuffler de l'air comprimé dans un masque porté pendant la nuit, pour dégager les voies respiratoires, notamment le larynx.
Cette prise en charge est très efficace mais doit être accompagnée de mesures diététiques, la perte de poids pouvant diminuer considérablement les apnées. Il convient également d'abandonner tout tabagisme, l'excès d'alcool et les somnifères.