Comment suivre un adolescent ou un adulte souffrant d'asthme ?
Pour un bon suivi de l'asthme, il faut :
- un diagnostic de certitude, c'est-à-dire être certain qu'il s'agisse bien d'asthme.
- une évaluation régulière du contrôle de la maladie, c'est-à-dire une vérification régulière que l'asthme est bien soigné de manière adaptée.
Le suivi d'une personne atteinte se fonde sur la qualité du contrôle de l'asthme, soit sur l'appréciation de l'activité de la maladie sur quatre semaines.
Cette évaluation systématique a considérablement amélioré le suivi des personnes asthmatiques et a également diminué la mortalité liée à l'asthme.
Pour évaluer le contrôle d'un asthme, le médecin doit donc interroger la personne atteinte sur différents points :
- La fréquence des signes d'asthme pendant la journée
- La fréquence des signes d'asthme pendant la nuit
- Le retentissement de l'asthme sur l'activité physique
- La fréquence des crises d'asthme
- L'absentéisme (professionnel ou scolaire)
- La fréquence de recours aux médicaments bronchodilatateurs de courte durée d'action
- La mesure de la fonction respiratoire (VEMS (volume expiratoire maximal pendant la première seconde ou DEP débit expiratoire de pointe)
Trois niveaux de contrôle sont définis : optimal, acceptable ou mal contrôlé.
Un asthme est considéré comme bien soigné, avec un contrôle optimal :
- si l'évaluation de ces facteurs ci-dessus est positive
- si la personne bénéficie d'un traitement avec la dose minimale efficace (ce qui signifie diminuer très progressivement les doses de traitement tout en veillant à ce que l'évaluation de la personne asthmatique reste bonne)
- Si elle bénéficie également d'une éducation thérapeutique l'amenant à bien gérer cet asthme.
Dans le cas de mauvais résultats d'évaluation, quand un ou plusieurs des critères ci-dessous ne sont pas satisfaits, la prise en charge de la personne atteinte d'asthme doit être améliorée. Il convient alors de :
- vérifier si la personne atteinte d'asthme respecte bien son traitement,
- si la technique d'utilisation des dispositifs d'inhalation est correcte.
- s'il existe des facteurs aggravants (exposition allergénique, rhinite, tabagisme actif ou passif, médicaments comme les bêta-bloquants, infections ORL, reflux gastro-oesophagien) – - s'il existe une ou plusieurs maladies associées (bronchite, insuffisance cardiaque),
- s'il s'agit d'un asthme avec une forme clinique particulière.
Le traitement de fond est alors adapté en conséquence par le médecin spécialiste pneumologue.
Lorsque le contrôle de l'asthme est acceptable (tous les critères ci-dessus sont satisfaits), voire optimal (stricte normalité des critères ou compromis optimal entre degré de contrôle, acceptation du traitement et effets secondaires), l'objectif est de rechercher le traitement minimal efficace. La posologie du traitement de fond est diminuée très progressivement par paliers, tous les trois mois environ.
Des questionnaires plus détaillés sur le contrôle de l'asthme
A la place de poser des questions précises d'évaluation, le médecin peut également utiliser des échelles à remplir par la personne souffrant d'asthme. Cependant, ces questionnaires, aussi pratiques qu'ils soient, n'ont pas démontré de supériorité par rapport aux questions citées ci-dessus.
- l'ACT : cinq questions évaluent le contrôle de l'asthme. Un mauvais contrôle correspond à un score inférieur à 20. L'évaluation est également comparée d'une consultation à l'autre.
- l'ACQ évalué en 7 questions. Pour chacune d'entre elle, la personne atteinte d'asthme doit se situer sur une échelle allant de 0 (bon contrôle) à 6 (contrôle insuffisant). Le score final constitue la moyenne des 7 réponses.
Calendrier de suivi pratique
Le rythme des consultations dépend de la qualité du contrôle de l'asthme, de la nature et de la posologie du traitement de fond.
Le rythme de suivi exposé ici est indicatif et doit être adapté par le médecin à chaque cas particulieren tenant compte des séances d'éducation thérapeutique, des consultations pour un évènement intercurrent ou du rapprochement possible des consultations lors de la prise en charge initiale ou de modifications thérapeutiques.
Adaptation du suivi en fonction des facteurs de risque
Le suivi doit être renforcé chez les personnes souffrant d'un asthme difficile à contrôler avec par exemple risque d'asthme aigu grave ou exacerbations fréquentes.
Les mesures suivantes doivent alors être envisagées :
- consultations régulières programmées après hospitalisation ;
- éducation thérapeutique structurée ;
- recherche rigoureuse et éviction des facteurs déclencheurs (allergènes, tabac, toxiques domestiques et industriels) ;
- éventuellement, visite à domicile d'un conseiller en environnement intérieur.
Cas particulier de l'asthme professionnel
Le suivi des asthmes professionnels doit comporter deux volets complémentaires et indissociables : un volet médical ainsi qu'un volet socioprofessionnel.
Un suivi médical prolongé est recommandé pour les personnes qui ne sont plus exposées au facteur de risque initial car certains symptômes et l'hyper réactivité bronchique non spécifique persistent dans plus de 50% des cas.
Les enjeux professionnels (détermination de l'aptitude au poste de travail) et médico-légaux (réparation) renforcent la nécessité d'évaluations poussées et objectives de la maladie.
Sources :
- C. Raherison, A. Bourdin, P. Bonniaud, G. Deslée, G. Garcie, C. Leroyer, C. Taillé, J. De Blic, J.-C. Dubus, I. Tillié-Leblond, P. Chanez. Mise à jour des recommandations (2015) pour la prise en charge et le suivi des patients asthmatiques adultes et adolescents (de 12 ans et plus) sous l'égide de la Société de pneumologie de langue franc¸aise (SPLF)
- ANAES, « Recommandations pour le suivi médical des patients asthmatiques adultes et adolescents », septembre 2004.
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